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mômes SAuVe qui peut!
31 mai 2016

Le jour J

On l'attend depuis 9 mois. Notre bout de chou tant attendu, rêvé, imaginé, senti dans nos entrailles, idolâtré avant même sa venue au monde. On attend ce jour avec appréhension, impatience, excitation...Tant de sentiments qui se mélangent à l'idée de vivre ce qui est supposé être le plus beau jour de notre vie. Et puis un matin on se réveille avec le ventre qui se contracte. Les contractions, on connaît. Ces fameuses contractions de Braxton Hicks qui nous font filer à la maternité dès qu'elles deviennent régulières. Mais ce matin-là elles sont différentes. De plus en plus régulières, intenses, douloureuses. On n'ose pas encore prévenir notre moitié. On se dit que c'est peut-être une fausse alerte. Alors on se recouche. Impossible de se rendormir. On compte les minutes qui séparent chaque contractions. 7 minutes...5 minutes...3 minutes...Et si c'était le jour J?

On a beau avoir regardé toutes les émissions possibles, suivi les cours de préparation à l'accouchement (si, si faites-les! C'est pris en charge par la sécu à 100%!), se dire qu'après tout on va gérer, que les femmes accouchent depuis la nuit des temps. Et puis on se dit qu'on est dure au mal, que le travail, on va assurer. Quitte à ne pas prendre la péridurale. Mais ce jour-là tout bascule. On avait beau nous dire "T'inquiète pas quand viendra l'heure tu le sauras [clin d'oeil]" Et ben oui, en général on le sait!

Et tout à coup on se dit qu'on ne tiendra jamais. Pas à ce rythme, pas avec ces douleurs...Elles seront de pire en pire?! Non ce n'est pas possible! Mamaaan!!!
Oui, mais chaque contraction nous rapproche de la rencontre. Chaque contraction est toujours une de moins à subir, notre bébé qui avance, qui est en route, qui fait son chemin vers la sortie. Et puis ce n'est pas une douleur vaine, injuste. C'est la plus belle, la plus intense des douleurs. La douleur de la mise au monde. Celle qui nous indique que dans quelques heures, quelques minutes, notre vie changera à jamais. Pour le meilleur.
Chaque accouchement est différent. Pour mon premier je m'étais dit que j'arriverai à gérer. Que je souffrirai en silence. Que je prendrai sur moi. Que si vraiment je voulais la péridurale, je la demanderai au dernier moment...Tu parles!
Je suis arrivée à la maternité après 2 heures de contractions douloureuses et rapprochées. La sage-femme m'annonce que mon col est court, ouvert à 1 cm! Le travail a bien commencé mais ça va être long. Je supporte de plus en plus mal la douleur qui me scie les jambes. On me met sous calmants en attendant de poser la péridurale. On me la pose finalement à 3 cm de dilatation. S'ensuivent alors de longues heures pendant lesquelles mon corps fait son boulot. Mon conjoint et moi nous reposons. Mon col s'ouvre, tout doucement, jusqu'au moment où ça s'arrête...à 7 cm. Le verdict tombe. Césarienne. Pourtant le rythme cardiaque de mon bébé est bon mais les médecins ne veulent pas prendre de risques. On prépare le papa à m'accompagner au bloc, quand, au moment de passer la porte du bloc on lui refuse l'entrée...Sans raison...La sage-femme est gênée...L'obstétricien a juste décidé qu'il ne veut pas s'encombrer d'un père sur son champs de bataille travail. On m'attache sans rien m'expliquer, on extrait sans difficulté mon bébé. Sans difficulté pour l'équipe...Mais traumatisant pour moi. J'ai très mal vécu la séparation d'avec mon conjoint à l'entrée au bloc, je fait d'être seule sans personne à mes côtés pour me rassurer et surtout mon corps qui ne remplit pas sa fonction première, celle de donner la vie. Je vous épargnerai les détails.
Avant d'accoucher de mon deuxième fils, j'ai dû consulter une psychologue à la maternité qui m'a complètement guérie de ce traumatisme que je n'avais pas réussi à digérer (méthode EMDR).
Avec du recul, je pense que si j'ai si mal vécu cette césarienne après coup, c'est parce que j'ai perdu le contrôle de mon corps. Quelque part mon égo en a pris un coup, moi qui aime tout maitriser en ce qui concerne ma vie, tout contrôler. L'accouchement est une sacrée remise en question!Mon deuxième accouchement n'a rien à voir avec le premier, si ce n'est la longueur du travail (plus de 20 heures!) J'ai réussi à mieux gérer la douleur des contractions. Je n'ai pas été surprise par leur intensité, mon corps et mon esprit avaient gardé en mémoire cette douleur. J'ai réussi (grâce à la sage-femme qui par crainte de ralentir le travail et de risquer une deuxième césarienne m'a aidé à tenir bon) à n'avoir la péridurale qu'à 5 cm de dilatation. Mon fils a pris son temps pour arriver et s'est réfugié sous mes côtes au dernier moment. Il m'a fallu pousser comme une brute pour l'aider à sortir et la gynéco a dû utiliser les ventouses. Un accouchement marathon avec plusieurs rebondissements, mais un AVAC (Accouchement par Voie basse Après Césarienne) réussi. Et un magnifique accouchement!
Bref tout cela pour dire qu'il faut se préparer. Un accouchement n'est pas anodin. On ne le vit que 1, 2, 3 (voire plus) fois dans notre vie.
Il faut se préparer à gérer et à accueillir cette magnifique douleur. Se préparer aussi à une éventuelle césarienne, se renseigner auprès de la maternité sur l'acceptation de la présence du père (si lui est d'accord) au bloc. Et surtout ne pas hésiter à consulter un psychologue spécialiste en maternité. Faites un projet de naissance, parlez-en avec votre conjoint(e). Et surtout suivez les cours de préparation à l'accouchement si vous le pouvez!
Chacune d'entre nous vit différemment son accouchement. J'ai des amies qui ont très bien vécu leur césarienne. Je pense qu'un accouchement remet beaucoup de choses en question. On le vit avec notre histoire personnelle, notre vécu. Mais le jour de notre accouchement, même s'il est difficile, reste le plus beau jour de notre vie! Ça vaut le coup! Et finalement on remet le couvert quelques mois/années après!
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